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Ce 29 août, le musicien et producteur de reggae Lee « Scratch » Perry est décédé en Jamaïque à 85 ans
Lee "Scratch" Perry (Munich, 2016)

Rainford Hugh Perry est né en 1936 au nord-ouest de la Jamaïque où, disait-il : « il n’y avait rien à faire à part travailler dans les champs, alors j’ai commencé à jouer aux dominos et j’ai appris à lire dans l’esprit des autres ». Quittant l’école très tôt, il part à Kingston pour faire une carrière de chanteur. Il est recruté comme assistant par Coxsone Dodd qui venait de fonder son studio et trouvait que le jeune Perry n’avait pas de voix. Il apprend ainsi le métier de producteur et surtout de parolier pour que les musiciens du studio triomphent dans les sound clashes qui opposent entre eux les musiciens de la capitale jamaïcaine. Il enregistre son premier disque The Chicken Scratch en 1965 et gagne le surnom qui va l’accompagner toute sa vie.

Après l’une des nombreuses prises de bec qui jalonnent sa carrière, Perry se sépare de Dodd et commence à travailler avec le producteur Joe Gibbs, qu'il met de côté à son tour. Il devient de plus en plus indépendant et forme son propre groupe, The Upsetters (Les Emmerdeurs), pour publier ses premiers disques. Perry travaille également avec Bob Marley and The Wailers, qui ont incorporé des membres des Upsetters. Leurs enregistrements des années 1970 et 1971 sont très admirés, mais des conflits sur les droits d’auteurs mettent fin à la collaboration.

En 1973, il fonde son propre studio, The Black Ark, où il développe des expérimentations sonores — enregistrements de coups de feu, de cris d’animaux, mais aussi souffler de la marijuana sur les bandes sonores pour les améliorer —, il devient ainsi l’un des artistes les plus importants du courant Dub au sein de la musique reggae. Les Upsetters et Perry produisent l’album War Ina Babylon de Max Romeo, qui fait partie de la vague de reggae politisé du milieu des années 1970 qui soutient le gouvernement progressiste de Michael Manley. Parmi les autres classiques produits par Perry, on peut citer les albums Heart of the Congos, Party Time des Heptones, et le succès Police and Thieves de Junior Murvin, qui proteste contre la brutalité policière et a ensuite été repris par The Clash. En 1977, Perry produit d’ailleurs le single Complete Control de ces derniers.

Perry brûle le Black Ark en 1983, convaincu que le studio était possédé par des esprits maléfiques. Il continue toutefois d’enregistrer toute sa vie. Il remporte un Grammy pour l’album Jamaican ET de 2003 et collabore avec George Clinton, Moby, the Orb, the Slits’ Ari Up ou les Beastie Boys. En 2000, le journaliste David Katz publie sa biographie qui a été traduite par Jérémie Kroubo Dagnini en 2012 aux éditions Camion Blanc.