Rafael Cadenas, Prix Cervantes 2022
Après la poétesse uruguayenne Cristina Peri en 2021, c’est une nouvelle fois un poète et un latino-américain que le prix le plus prestigieux de langue espagnole honore.
Rafael Cadenas est né le 8 avril 1930 à Barquisimeto, c’est un auteur précoce puisqu’il publie son premier ouvrage à seize ans (Cantos iniciales, 1946). Il milite ensuite dans les rangs du Parti communiste vénézuélien alors qu’une junte militaire dirigée par Marcos Pérez Jiménez qui fait régner la terreur avec le soutien les États-Unis d’Amérique. Il doit s’exiler à Trinidad entre 1952 et 1956, mais il souligne avec humour pour atténuer la dimension héroïque de cet exil, qu'il n’était qu’à 30 kilomètres des côtes vénézuéliennes, et comme il s’agissait d’une colonie britannique, qu'il y avait beaucoup de liberté.
Revenu dans son pays, il publie deux recueils, Una Isla en 1958 et Los cuadernos des destierro (1960). Durant ces années, il appartient au groupe politique et littéraire de la Tabla redonda avec l’historien et journaliste Manuel Caballero (1931-2010) ou le peintre et cinéaste Jacobo Borges (né en 1931).
En 1963, le journal Clarín del viernes publie son fameux poème "Derrota" où l’auteur se dépeint comme faible, humilié, ridicule sans personnalité ni volonté d’en avoir une et honteux pour des actes qu’il n’a pas commis. Parlant de son poème, il soulignera qu’il fut surtout célèbre pour avoir été baigné dans l’euphorie démocratique qui accompagnait l’arrivée à la présidence de Rómulo Betancourt. Quoiqu’il en soit, la reprise de ce poème dans le recueil Falsas maniobras (1966) en fait une icône dans toute l’Amérique latine et l’installe au premier rang de la poésie de langue espagnole.
Comme le souligne le jury du Prix Cervantes, « son œuvre est une des plus importantes et démontre le pouvoir transformateur des mots quand la langue est arrivée à la limite de ses possibilités créatrices ».
En 2007, il réunit son œuvre dans un tome de sept cents pages publié en Espagne : Obra entera (Editorial Pre-Textos).